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Extrait

Le serpent du Val d'Hérens

 "Tel un serpent qui mue, l’Homme malfaisant peut changer d’apparence mais pas de nature. Ce monstre à la langue bifide conserve un venin qui peut se révéler mortel…" de T. Malik.

Calfeutrés dans leurs tenues bleues, mouchetées de flocons blancs, les gendarmes avançaient péniblement dans la poudreuse. Le regard hagard pointé sur leurs pieds gelés, ils luttaient contre le blizzard. Le crissement intermittent de la neige sous leurs pas maintenait leurs sens en éveil. Une motoneige ou des raquettes auraient été bienvenues.

 

 Depuis plusieurs jours, le vent sifflait et résonnait dans le val. Les vallées voisines avaient pourtant été épargnées par la tempête hivernale… « Une météo à ne plus rien y comprendre », pouvait-on entendre en boucle dans les villages du Val d’Hérens. Le duo de policiers suivait aveuglément leur guide, s’enfonçant dans la neige et glissant parfois au risque de dévaler la pente. Celle-ci, sise sur le versant de l’ubac, peinait à survivre à la pénombre en cette période de l’année. Le groupe foulait la neige depuis quinze minutes quand les deux gendarmes discernèrent enfin un chalet. Magdalena Dos Santos ne s’était pas trompée. Elle avait pris la bonne direction, malgré la météo et la lueur crépusculaire.

— C’est par là ! lança-t-elle en apercevant un visage familier. Les gendarmes devancèrent la femme de ménage, saluèrent son époux, puis se dirigèrent sur le côté droit du mayen, d’où ils découvrirent, à l’abri du vent, un monticule neigeux à la verticale de l’avant-toit. Le pourtour de la butte avait été piétiné et, par endroits, l’amas de neige avait été déblayé. Une main, partiellement desquamée et en décomposition, émergeait de la masse. En regardant de plus près, les deux hommes remarquèrent que le poing était à demi fermé et semblait évoquer le salut du poing levé."

 

          

 

 

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